Le combat de Saul contre le réchauffement climatique - Saul’s Fight Against Climate Change
J’avais envie de vous partager l’histoire d’un homme courageux et déterminé, celle de Saul Luciano Lliuya. A 37 ans, Saul est à la fois agriculteur et guide de montagnes.
Arrivée dans le nord du Pérou près de la petite ville de Huaraz, je me rends dans le village de Llupa, composé de 350 habitants. Saul m’invite chez lui. Sa femme est en train de faire la lessive, sa fille mange des bonbons. Il me fait visiter ses champs où il cultive des pommes de terre, du quinoa, du blé, du maïs, de l’orge, … Mais je suis chez Saul surtout pour qu’il m’explique sa lutte contre le réchauffement climatique. Et pour me donner un exemple concret, nous nous rendons au glacier Churup, situé à 4450m d’altitude, à deux heures de montée. Il souhaite que je me rende compte de mes propres yeux de la fonte des glaces. « En quelques années, les glaciers des Andes ont perdu 40% de leur surface. Et le phénomène s’accélère », me dit-il ! Et pour Saul, il n'y a qu'un seul responsable : les industries émettrices de gaz à effet de serre.
I wanted to share with you the story of Saul Luciano Lliuya, a courageous, determined man. Saul is 37 years old, and he is both a farmer and a mountain guide.
On my arrival in the north of Peru, near the small town of Huaraz, I head to the 350-inhabitant village of Llupa. Saul invites me to his place. His wife is washing some clothes while his daughter is eating sweets. He then shows me his fields, where he grows potatoes, quinoa, wheat, corn, and barley. But the main reason I have come to Saul’s hometown is because I want him to explain his fight against climate change to me. So, to give me a concrete illustration of it, he leads me on a two-hour walk up to the Churup glacier, situated at 14,600 ft. He wants me to witness the ice melting process with my own eyes. “Within just a few years the Andes glaciers have lost 40% of their total surface area. And this phenomenon is accelerating,” he tells me. In Saul’s opinion, there is but one culprit: the industries emitting greenhouse gases.
Avec l’aide d’une ONG allemande Germanwatch, il a décidé de poursuivre en justice RWE, un gros groupe énergétique allemand, propriétaire du plus gros parc de centrales à charbon d’Europe. Saul leur demande de financer la réalisation de travaux de sécurisation des lacs d’altitude qui menacent de déborder. La partie n’est pas encore jouée et Saul espère vraiment pouvoir gagner, même s’il se rend compte que ce ne sera pas facile. Il veut agir car c’est l’avenir de sa famille et de sa région qui en dépend. Toute la vallée est menacée par des risques d’inondation massifs et de pénurie d’eau. En effet, leur subsistance dépend entièrement de leur environnement direct. Saul s’est déjà rendu quelques fois en Allemagne. Il me confie trouver les gens « fort occupés », ultra connectés mais déconnectés de la nature. Il se sent mieux ici avec sa famille, ses champs et ses animaux. « Si personne ne fait rien, dans quelques années, il n’y aura plus de glaciers », conclue-t-il.
With the support of the German NGO Germanwatch, he has decided to sue RWE, an important German energy company that owns the biggest coal-fired power plant in Europe. Saul has asked them to fund the upgrade works to secure the mountain lakes that threaten to overflow. The game is not over yet, and Saul truly hopes he can win although he is aware it will not be easy. He wants to play his part because the future of his family and region are at stake. The whole valley is menaced by huge floods and water shortages. Indeed, their subsistence depends entirely on their direct environment. Saul has already been to Germany a few times. There, he tells me in a confiding tone, he found the people were “very busy” and ultra-connected, but at the same time cut off from nature. He feels better here, where he lives with his family, in the middle of his fields and animals. “If no one acts now, there will be no glacier left in a few years,” he concludes.