Costa Rica : Asomobi, le café des femmes - Costa Rica: Asomobi, women's coffee

Miguel and Paco

0,03% du globe, la taille d’un grain de café sur la carte du monde ! Et pourtant, malgré sa « carrure modeste », le Costa Rica est parvenu à se placer à l’échelle planétaire : l’un des pays les plus naturels au monde, l’un des plus écolos, l’un des plus heureux, une destination touristique prisée et enfin, même si l’argument n’est pas le plus objectif qui soit, l’un des meilleurs producteurs de café au monde !

C’est, paraît-il, le sol volcanique qui confère à l’or noir local une saveur intense, douce et une touche de noix… mais ce qui est plus surprenant, c’est le goût féminin, égalitaire et social pour le moins savoureux.

Pour s’en rendre compte, cap vers le sud du pays, en bordure du parc national de La Amistad, dans les montagnes de la région de Buenos Aires. La vie de la communauté de Biolley, 2500 habitants, s’organise autour des activités de subsistance que sont la production de café, l’élevage, l’arboriculture ou l’agriculture. C’est dans ce décor paisible que des femmes costaricaines ont dessiné leur révolution, en 1997. Dépassant l’étiquette de femmes au foyer, les préjugés d’une société encore machiste et les limitations d’un secteur ultra-masculin, 19 femmes se sont unies autour du café… Asomobi était né !

0.03% of the globe, the size of a coffee bean on the world map! And yet, despite its modest size, Costa Rica has managed to place itself on a global scale: one of the most natural countries in the world, one of the most eco-friendly, one of the most a popular tourist destination and, even if the argument is not the most objective, one of the best coffee producers in the world!

It is volcanic soil that gives the local black gold an intense flavor, sweet and a touch of nuts ... but what is more surprising is the feminine taste, egalitarian and social for the least tasty.

To realize this, head towards the South of the country, bordering the national park of La Amistad, in the mountains of the region of Buenos Aires. The life of the community of Biolley, 2500 inhabitants, is organized around the subsistence activities that are the production of coffee, the breeding, the arboriculture or the agriculture. It was in this peaceful setting that Costa Rican women drew their revolution in 1997. Exceeding the label of housewives, the prejudices of a still male society and the limitations of an ultra-masculine sector, 19 women were are united around coffee ... Asomobi was born!

Plus de 20 ans plus tard, 37 femmes (les « socias ») animent et dirigent l’association Asomobi (Asociación de mujeres organizadas de Biolley) qui a gagné le respect de toute la montagne ! « Au début, quand les femmes ont lancé ce projet, nos époux ne voulaient pas nous soutenir », nous explique Kattya Serracín Loría, la nouvelle présidente de l’association. « Les hommes ont déclaré qu’ils ne pourraient pas travailler avec nous. Et puis, le temps a passé, on a développé de nombreux projets. On a vu alors qu’on commençait à les impressionner et ils ont décidé de nous soutenir. »

More than 20 years later, 37 women (the "Socias") animate and run Asomobi Association (Asociación de mujeres organizadas de Biolley), which has won the respect of the whole mountain! "At first, when the women started this project, our husbands did not want to support us," explains Kattya Serracín Loría, the new president of the association. "The men said they could not work with us. And then, the time has passed, we have developed many projects. We saw then that we began to impress them and they decided to support us. "

Résultat aujourd’hui : nous voyons les fils, les cousins, les maris, les voisins travailler pour le compte de l’association, souvent comme ouvrier, jamais comme dirigeant, siège réservé aux femmes. « Cela fait 19 ans que je travaille ici, mon métier est formidable, j’apprécie beaucoup collaborer avec elles », nous dit Miguel Loría Sibaja, dans l’attente d’une nouvelle livraison, près du collecteur de café. D’ailleurs, les nombreux producteurs de la région sont tout heureux de bénéficier de l’expertise et de l’enthousiasme entrepreneurial insufflé par les femmes : « Je pense que travailler avec des femmes, à l’époque que nous connaissons dans la production du café, c’est très important. C’est tout à fait normal et je dirais même que c’est mieux pour tout le monde », dit sans hésitation Arnoldo Barrantes Núñez pendant la cueillette des cerises de café sur sa propriété. « Grâce à Asomobi, nous apprenons énormément pour développer le café de notre région. Elles font de bonnes choses, de très bonnes choses… »

Result today: we see the sons, cousins, husbands, neighbors working on behalf of the association, often as a worker, never as a leader, seat reserved for women. "I've been working here for 19 years, my job is great, I really enjoy working with them," says Miguel Loría Sibaja, waiting for a new delivery, near the coffee collector. Moreover, the many producers in the region are very happy to benefit from the expertise and entrepreneurial enthusiasm instilled by women: "I think that working with women, at the time we know in the production of coffee is very important. It's perfectly normal and I would say it's better for everyone, "says Arnoldo Barrantes Núñez without hesitation during the picking of coffee cherries on his property. "Thanks to Asomobi, we are learning a lot to develop coffee in our region. They do good things, very good things ... "

Grâce à leur détermination, les femmes de Biolley ont déplacé les montagnes. Sans argent, sans formation, elles sont parvenues à convaincre au-delà de leur communauté pour décrocher l’aide financière et technique nécessaire au développement du projet. L’idée est simple : collecter chez Asomobi les grains de tous les producteurs locaux, les transformer grâce à des outils performants en un café de qualité puis le commercialiser aux niveaux national et international sous la marque de café Cerro Biolley. « Ce qu’on fait ici est un message pour le monde et pour notre propre famille ! Nous avons montré que les femmes peuvent faire quelque chose d’elles-mêmes et entreprendre de grandes choses », nous raconte Laura Quirós Montoya, l’une des pionnières au travail autour des tables de séchage des grains de café. « La plus grande mission que nous avons avec Asomobi pour les femmes et pour toute la communauté, c’est de générer des ressources plus grandes pour que les femmes et leurs familles puissent vivre dans de meilleures conditions. Autrefois, nous avions une faible estime de nous-mêmes. Ce projet a tout changé en termes de confiance en nous. Nous savons désormais que si nous avons des rêves, nous pouvons aussi les réaliser. Cela, nous l’avons transmis à nos filles ! »

Thanks to their determination, the women of Biolley moved the mountains. Without money, without training, they managed to convince beyond their community to get the financial and technical assistance necessary for the development of the project. The idea is simple: collect the grains of all local producers at Asomobi, transform them with high-quality tools into a quality coffee and then market it at the national and international levels under the Cerro Biolley coffee brand. "What we do here is a message to the world and to our own family! We have shown that women can do something for themselves and do great things, "says Laura Quirós Montoya, one of the pioneers at work around coffee bean drying tables. "The biggest mission we have with Asomobi for women and for the entire community is to generate greater resources so that women and their families can live in better conditions. In the past, we had a low self-esteem. This project changed everything in terms of trust in us. We now know that if we have dreams, we can also realize them. That we passed on to our girls!"

Laura

Asomobi grandit patiemment et produit aujourd’hui 6 tonnes de café par an. C’est une petite production, mais l’aventure rejaillit sur toute la communauté. Le café de Biolley est un instrument de développement social, respectueux de l’environnement. Le café ne peut pas encore se targuer d’être bio (le label est difficile à obtenir, vous comprendrez quand nous visiterons le voisinage), mais la production est étiquetée « Bandera Azul Ecológica », un label national certifiant une pratique respectueuse des ressources naturelles.

L’odeur irrésistible du café flotte dans la propriété. Nous approchons d’un atelier fumant : « la Tostadora » où Ángela Serracín Loría travaille à la torréfaction des différents types de café destinés à la vente tout en nous parlant des vertus de ce « caféminin » : « Je pense que les femmes, qui sont souvent aussi des mères, ont une vision différente de celle des hommes. C’est notre instinct maternel, on prend plus soin des autres, on perçoit les besoins de toute la famille. C’est différent des hommes, sans doute un peu plus sentimental, mais avec beaucoup de force tout de même !»

Asomobi is growing patiently and now produces 6 tonnes of coffee a year. It's a small production, but the adventure reflects on the whole community. Biolley coffee is an instrument of social development, respectful of the environment. Coffee can not yet claim to be organic (the label is difficult to obtain, you will understand when we visit the neighborhood), but the production is labeled "Bandera Azul Ecológica", a national label certifying a practice respectful of natural resources .

The irresistible smell of coffee floats in the property. We are approaching a smoking workshop: "la Tostadora" where Ángela Serracín Loría is working to roast the different types of coffee for sale while talking about the virtues of this "cafeminine": "I think that women, who are often mothers too, have a different vision than men. It is our maternal instinct, we take more care of others, we perceive the needs of the whole family. It's different from men, probably a bit more sentimental, but with a lot of strength all the same! "

Le voisinage direct d’Asomobi en effet témoigne d’un des grands paradoxes costaricains : des milliers d’hectares de champs d’ananas, cultivés par le géant américain Del Monte. Déforestation, cultures intensives, accaparement et appauvrissement des sols, pesticides… le statut de premier exportateur mondial d’ananas a un coût environnemental certain, pour répondre à la demande des consommateurs nord-américains et européens. Selon l’Organisation mondiale pour l’alimentation (FAO), le Costa Rica est même le champion du monde de l’usage des pesticides par hectare, devant la Chine.

The direct neighborhood of Asomobi indeed bears witness to one of Costa Rica's great paradoxes: thousands of hectares of pineapple fields, cultivated by the American giant Del Monte. Deforestation, intensive farming, land grabbing and depletion, pesticides ... the status of the world's leading pineapple exporter has a certain environmental cost, to meet the demand of North American and European consumers. According to the World Food Organization (FAO), Costa Rica is even the world champion of pesticide use per hectare, ahead of China.

Grâce au soleil et aux pesticides, les champs produisent toute l’année et Del Monte peut se targuer dans son bilan 2018 d’avoir « augmenté les ventes d’ananas de 2% grâce essentiellement à l’expansion de la production au Costa Rica » où le géant déclare cultiver plus de 50.000 hectares de terre.

Thanks to the sun and pesticides, the fields are producing all year long and Del Monte can boast in its 2018 balance sheet of having "increased pineapple sales by 2% thanks mainly to the expansion of production in Costa Rica" where the giant claims to cultivate more than 50,000 hectares of land.

Asomobi est d’ailleurs menacée par la gourmandise de la multinationale qui travaille ici sous le label « Pindeco ». Les plantations s’étendent toujours un peu plus encerclant dangereusement la nature montagneuse de Biolley. « Pindeco affecte forcément notre environnement, leurs plantations sont très proches. Ils sont très puissants et nous tout petits, mais nous espérons qu’ils ne s’approchent pas plus de notre montagne et de notre nature ! », prévient Kattya, la présidente. « C’est dur pour nous, ils polluent l’air et les sols, alors que notre entreprise se veut durable. Le message qu’ils véhiculent, c’est qu’avec beaucoup d’argent, on peut faire ce qu’on veut, même salir l’environnement. Cette vision est déplorable pour nous qui tentons d’attirer des visiteurs ici. »

Asomobi is also threatened by the gluttony of the multinational that works here under the label "Pindeco". The plantations still extend a little more dangerously encircling the mountainous nature of Biolley. "Pindeco inevitably affects our environment, their plantations are very close. They are very powerful and we are very small, but we hope they do not come closer to our mountain and our nature! "warns Kattya, the president. "It's hard for us, they pollute the air and the soil, while our company wants to be sustainable. The message they convey is that with a lot of money, we can do what we want, even dirty the environment. This vision is deplorable for us trying to attract visitors here. "

Miguel and Paco

Dans ce contexte, la démarche courageuse des femmes de Biolley s’apparente à une forme de résistance indispensable. Leur café de Biolley, qu’elles produisent et qu’elles vendent, se partage également avec encore plus de bonheur au sein de leur petite « Posada » où l’éco-tourisme cher au Costa Rica prend tout son sens !

In this context, the courageous approach of Biolley's women is a form of essential resistance. Their Biolley coffee, which they produce and sell, is also shared with even greater happiness in their little "Posada" where eco-tourism dear to Costa Rica makes sense!

Sara, 7 years old